Débunker des antivax

Débunker des antivax

Pourquoi l'OMS est devenu plus pessimiste sur la capacité des vaccins à éradiquer la pandémie ?

Début septembre 2021, certains opposants à la vaccination se réjouissent d'apprendre que l'OMS est finalement pessimiste sur la vaccination pour venir à bout de la pandémie. Est-ce que cela signifie que l'OMS remet en cause la vaccination ? N'en déplaise à ces opposants, ça n'est pas du tout le cas. Pour comprendre pourquoi, voici des explications détaillées sur le lien entre la contagioté d'un virus et le taux de vaccination nécessaire pour espérer l'éradiquer. 

 

Note. Les explications ci-après s'inspirent d'un article et vidéo de Le monde, paru fin décembre 2020.

 

Avec l'arrivée des premiers vaccins contre le Covid-19, il était déjà incertain d'arriver à éradiquer la pandémie, cette capacité dépendant d'un certain nombre de paramètres :

    • R0 (nombre de reproductions de base) : nombre moyen de personnes que chaque malade va contaminer sur toute la durée de son infection. 

    • P : taux de vaccination nécessaire pour arrêter l'épidémie. Pour y arriver, il faut que

      P > (1 - 1 / R0)

      Par exemple, pour R0 = 2,5 personnes, P doit être > 60%.

    • E : Efficacité du vaccin contre la contamination. L'équation devient

      P > (1 - 1 / R0) / E

      Donc, pour une efficacité de 90%, P doit être > 67%. Et si le vaccin n'est efficace qu'à 60%, il faudrait vacciner 100% de la population ce qui est un objectif impossible à tenir.

    • I : taux d'immunisation des personnes guéries du covid-19. L'équation devient

      P > (1 - I - 1 / R0) / E

      Donc, avec R0 = 2,5 et E = 90%, et I = 10%, P doit être > 56%.

    • La contagiosité d'une personne bien qu'elle soit vaccinée. La vaccin est imparfait mais pas inutile, sachant que la charge virale diminue plus rapidement que pour les non-vaccinés, et que le vaccin réduit fortement les risque de formes graves de la maladie.

    • La durée d'efficacité du vaccin. Dans le cas d'un vaccin efficace à 90% et d'une immunité longue de 3 ans, le taux de vaccination nécessaire la première année serait de 60%. Mais si l'immunité ne dure qu'un an, ce taux de vaccination devrait monter à 90% afin de compenser la perte d'immunité au fil du temps :


 

Année 2020 :

 

Avec l'application des gestes barrière (masque) et la distanciation sociale, le R0 moyen de la population française est resté < 1,5 entre les deux confinements. Dans ces conditions, avec un vaccin efficace à 90% et une immunité supposée de longue durée, il suffirait de vacciner 37% de la population pour endiguer l'épidémie. Mais cela suppose de maintenir la distanciation en attendant qu'une grande part de la population soit immunisée.

 

Année 2021 :

 

Les premières campagnes de vaccination réalisées en Israel montrent que la durée d'efficacité du vaccin s'avère de 6 mois après un premier schéma vaccinal complet. D'autre part, avec l'arrivée du très contagieux variant Delta, le vaccin ne permet de réduire que de moitié la contagiosité du virus. 

 

Cette nouvelle donne nous éloigne davantage de l'éradication de la pandémie, pour l'instant. Faut-il conclure que la vaccination ne sert à rien, comme le sous-entendent certains ? Il ne faut pas oublier que :

 

Autrement dit, sans la disponbilité de la vaccination dès 2021, la situation serait bien plus grave.

 

Mais, comme le montre la situation au Royaume Uni, un taux de vaccination des deux tiers de la population ne suffit pas à endiguer l'épidémie. Depuis juillet 2021, le relâchement des gestes barrières dans les lieux public (qui entraine une hausse du R0 tel que décrit plus haut) a contribué à une nouvelle flambée des contaminations, avec toutefois un impact limité sur la mortalité :

 

 

 

 

 



14/11/2021

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